Malgré la réforme des retraites, notre système par répartition ne sera pas sauvé.
Il convient d'abord de noter que ce système est inégalitaire. Nous n'avons pas les mêmes droits selon notre profession, selon que l'on travaille dans le secteur privé ou le secteur public. Notre système est profondément corporatiste*.
Cela n'est pas surprenant de la part d’un système instauré par le régime de Vichy. Souvenez vous de ce discours du maréchal Pétain prononcé le 15 mars 1941 : « Français, je n'ai pas eu souvent l'occasion de vous annoncer de bonnes nouvelles. En voici une. La retraite des vieux entre en action. Le Journal officiel publiera demain la loi qui la consacre».
L'article 9 de la loi de mars 1941 remplacera la retraite par capitalisation par celle par répartition.
Le système par répartition ne pose pas uniquement un problème de justice. Il y a un principe qui ne souffre d'aucun compromis : celui de la réalité. Si nous souhaitons conserver ce système alors il nous faut accepter au choix**:
- une augmentation de 51% du taux des charges sociales vieillesse.
- une diminution de 44% du montant moyen des pensions par rapport aux salaires.
- une augmentation de 9,6 ans de la durée d’activité.
- un accroissement de 80% des effectifs de la population active.
Ce qui se passe aujourd'hui montre à quel point la société française est devenue aveugle et fataliste sur son avenir. La responsabilité individuelle et collective sont absentes du débat. On assiste à une course entre un président qui s’agite sans réellement réformer et une opposition qui agite le peuple sans avoir de solutions viables, alors qu’il faudrait faire preuve de pédagogie, de responsabilité et de courage.
Et notre jeunesse, comment ne pas être préoccupés par cette jeunesse qui soutient le conservatisme d’un pays vieillissant ? A-t-elle conscience qu’elle paiera les politiques irresponsables d’aujourd’hui et d’hier ? Pourquoi n’adhère-t-elle pas à un message optimiste et réformiste ?
En 2010, notre système de retraite connaîtra un déficit de 32 milliards d'euros. La dette publique atteint 1535 milliards d'euros. Le service de la dette s'élèvera fin 2010 à 42,5 milliards.
Le problème des retraites est une goûtte d'eau face aux défis qui nous attendent…
* A ce propos, nous vous conseillons la lecture de La France injuste, de Timothy B. Smith dans la collection Autrement.
** Alain Parant, Le vieillissement, mythe ou réalité, in actes du colloque La France en 2002, bulletin de santé démographique, IGP, 2002. Ces chiffres sont proches de ceux du Conseil d’orientation des retraites, selon lequel trois possibilités s’offrent à la France : allonger la durée de travail de neuf ans, augmenter les prélèvements de 15 points, ou diminuer les pensions de 45%.