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Justice pour le génocide arménien.

Publié le 24 Décembre 2011 par Noubar KECHICHIAN in Point de vue

Avec l'allégorie de la caverne, Platon nous décrit la difficulté d'aller vers la lumière, la vérité. Voilà bientôt 100 ans que le peuple arménien est sur le même chemin de croix, en quète de justice, devant affronter la puissante Turquie négationniste, avec pour seule arme la foi des survivants du génocide de 1915.

 

Malgré les nombreux travaux d'historiens, de chercheurs et d'universitaires indépendants qui ont démontré le caractère génocidaire de ce crime contre l'humanité, malgré les nombreuses reconnaissances internationales (Etats, Gouvernements, parlements nationaux...), et surtout malgré la volonté d'une partie du peuple turc, son gouvernement reste figé dans sa posture négationniste et tente d'imposer sa version de l'histoire au reste du monde.

 

Insuffisamment informé, nombre de nos compatriotes n'ont pas toujours les éléments d'une question complèxe et finissent par être exaspérés par les tensions que cette question crée. Toutefois, la grande majorité des Français reconnait la réalité du génocide de 1915. Mais à partir du moment où l'on reconnaît une victime, on désigne aussi un criminel. Il faut aller au bout de la démarche et dénoncer et condamner le crime et son auteur. Sur cette question universelle, l'humanité peut-elle s'en laver les mains et laisser victime et bourreau dos à dos ? C'est un devoir moral, un devoir de justice envers les victimes de ce génocide. C'est aussi un message pour l'humanité, un avertissement précisant qu'il n'y aura jamais d'impunité pour les crimes de génocide.

 

Cette question concerne la France car nous entretenons depuis près de mille ans des liens forts avec l'Arménie. En 1915, au moment du génocide, les troupes françaises étaient présentes aux frontières de l'Empire ottoman, puisque nous étions en guerre contre celle-ci. Après la guerre, la France a eu la charge du protectorat de la Cilicie (Petite Arménie). Aujourd'hui, en France, près d'un demi million de nos compatriotes sont d'origine arménienne et en 2001 la France a reconnu le génocide de 1915. De nos jours, des Français sont agressés physiquement du fait de l'origine de leurs aieux. Des stèles érigées à la mémoire des victimes de 1915 sont profanées. Faut-il laisser faire ? Devons-nous laisser un vide juridique sur ces questions ? Devons nous interdire dans nos tribunaux la défense de la mémoire des victimes du génocide ou des survivants ?

 

Nous pouvons imaginer que certains, sur ces questions, puissent avoir des arrières pensées électoralistes, ou de politique européenne, ou de géostratégie moyen-orientale, ou autres... Cela ne concerne pas les défenseurs de la cause arménienne dans leur quète de justice. Ceux-ci n'ont pas attendu l'élection présidentielle de 2012 pour présenter leurs doléances ! C'est au prix d'un très long travail, sur plusieurs décennies, qu'ils ont réussi, pas à pas, à obtenir un début de reconnaissance et de justice !

 

Le Gouvernement turc tente de mobiliser le monde arabo-musulman en présentant cette question comme un conflit religieux entre chrétiens et musulmans. Cela n'est pas vrai !  C'est le panturquisme, une idéologie nationaliste athée qui a planifié et organisé le génocide de 1915. La religion a seulement été instrumentalisée pour parvenir au but. Arméniens chrétiens et turcs musulmans avaient réussi tant bien que mal à cohabiter pendant 5 siècles. Les survivants du génocide ont pour la plupart été accueillis et protégés par des groupes ou pays arabes musulmans.

 

Et comment ne pas être choqué, que la Turquie négationniste, héritière de l'Empire ottoman au passé colonial barbare (lisez les récits de conquète), qui a aujourd'hui des tenisions avec tous ses voisins (Chypre, Grèce, Syrie, Iran, Arménie, Israël), et qui ces dernières semaines a raflé et emprisonné des journalistes, vienne donner des leçons de démocratie et des Droits de l'homme à la France ?

 

Enfin, les négationnistes du génocide arménien ont récemment trouvé des alliés tant inattendus qu'inespérés parmi des historiens qui s'inquiètent, tenez vous bien, pour leurs "libertés" !!! Avec leur formule choc "il faut laisser l'histoire aux historiens", ils ont mélangé allégrement la défense de la recherche historique et la propagande d'un état négationniste, ils ont semé le trouble dans l'esprit de bon nombre de responsables politiques et de la population.

 

Au pays de Voltaire et des droits de l'homme, qui a voté la loi de de juillet 1881, au pays de Charlie Hebdo et du Canard enchainé et à l'heure d'internet, qui peut croire uhe seconde que la liberté de recherche des historiens pourrait être mise en danger ? La loi peut dire l'histoire. Elle donne des repères à la République et ces repères peuvent être historiques : 14 juillet, jours fériés, 1er mai, 8 mai et 11 novembre, tout ceci nous renvoit à des événements historiques et cela n'a jamais choqué personne.

 

Assez de tergiversations ! Jean Jaurès l'avait déjà déclaré : « Nous en sommes venus au temps où l'humanité ne peut plus vivre avec, dans sa cave, le cadavre d'un peuple assassiné. ». L'heure est venu de rendre justice au peuple arménien !

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G
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jeunes-Turcs<br /> <br /> Merci pour votre humour noir. Les jeunes turcs tenaient eux des têtes d'arméniens dans leurs mains !
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J
Et bien moi je tiens à souhaiter un Joyeux Noël à tous les arméniens et à tous les turcs.<br /> <br /> Je fais le vœu de voir très prochainement les enfants de mes amis arméniens avancer en tenant la main des jeunes turcs, car la porte de sortie est là !!!
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