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Enseignements de la crise à l'UMP

Publié le 13 Décembre 2012 par Noubar KECHICHIAN in Point de vue

Suite aux incroyables péripéties de l'élection du président de l'UMP, l'affaiblissement de ce qui reste encore le principal parti de la droite républicaine ne devrait réjouir personne. Alors que la majorité des grandes villes et agglomérations, des Départements, et des Régions sont aux mains de la gauche, ainsi que le Sénat, l'Assemblée Nationale, le Gouvernement et la Présidence de la République, la perte de vigueur de l'opposition peut être un risque pour notre Démocratie. D'autre part, la lutte intestine dont nous sommes les témoins impuissants risque de nouriir et renforcer les extrémismes.


Pour y voir clair, il faut d'abord prendre du recul face à la tempète médiatique qui profite de la situation créée pour imprimer du papier et occuper des heures d'antenne, allant jusqu'à l'abrutissement.

 

Ce qui m'a d'abord choqué durant la campagne, ce sont ces sondages de "sympathisants" de droite qui donnaient régulièrement F. Fillon largement vainqueur de cette élection alors que ce sont les adhérents UMP qui étaient appelés à s'exprimer. Pour nos élections présidentielles, ce sont les Français qui sont sondés pas les Européens. Il me semble qu'il y avait là une sorte de parti pris médiatique malsain, comme si les jeux étaient faits et décourageant les militants UMP d'aller voter.

 

Nous sentions que les militants UMP rêvaient d'un J.F. Copé Président de l'UMP et d'un F. Fillon candidat à la Présidence de la République en 2017 mais on leur demandait de trancher aujourd'hui.

 

Il faut aussi se souvenir de la campagne très droitière de Nicoals Sarkozy, qui après avoir battu Marine Le Pen au premier tour a fait l'erreur de ne pas revenir vers le Centre. Cette campagne présidentielle et la victoire de François Hollande ont profondément marqué les adhérents UMP et les ont poussé un peu plus vers l'extrème-droite.

 

Jean-François Copé a bien compris cette attente et l'a alimenté durant toute sa campagne avec le célèbre épisode du pain au chocolat. Quant à François Fillon, celui-ci a fait le pari de jouer la carte du futur chef d'Etat s'adressant au delà de l'UMP, à toute la droite et au centre, allant jusqu'à dénoncer la politique de droitisation la dernière semaine de campagne.

 

Au soir de l'élection, qui a été un exercice réussi de démocratie interne et qui a mobilisé près de 170000 adhérents qui se sont rendus aux urnes... patatra ! Des résultats très serrés, du 50-50, des contestations, de la tension et le scénario catastrophe des élections socialistes de 2008 s'abat sur l'UMP.

 

Vers 23h, J.F. Copé se déclare vainqueur alors que F. Fillon préfère attendre la proclamation par la Commission de Contrôle des Elections (COCOE). Ce qui sera fait le lundi matin après une nuit de recomptage des voix. Mais mardi en fin de journée, le camp Fillon conteste cette déclaration. La Commission Nationale des Recours saisie finit par trancher et accorder la victoire à J. F. Copé.

 

Il me semble que le camp Fillon aurait du arrêter les frais à ce moment là. Comme tout parti, l'UMP a une organisation, des statuts, et ceux qui prétendent être adhérents d'une organisation doivent en respecter les statuts.

 

Au lieu de travailler au rassemblement d'une famille déchirée par 4 mois de campagne, F. Fillon s'entête et commet des erreurs : Il proclame tout d'abord qu'il ne veut plus être président mais refuse ce droit à J.F. Copé. Puis évoquant la direction de l'UMP, il utilise le terme de "mafia". Puis il crée un scission de l'UMP à l'Assemblée Nationale en créant avec un tiers des députés un nouveau groupe parlementaire le "RUMP" captant ainsi une partie du financement de l'UMP. Il se dit prêt à aller en justice pour faire casser cette élection. Ce sont là des coups très durs portés à l'integrité et à l'image de l'UMP.

 

Pourtant, malgré le ridicule de la situation, malgré l'écoeurement des adhérents UMP, les dernières législatives partielles ont sanctionné le Gouvernement et montré que tout n'est pas perdu pour la droite. De plus cette guerre des chefs ne s'exporte pas dans les fédérations qui restent majoritairement unies. Enfin, il ne faut pas oublier que la motion de la droite forte est arrivée en tête des motions présentées à cette élection ce qui conforte la position de J. F. Copé. Pour toutes ces raisons, François Fillon doit se resaisir très vite et accepter un accord honorable sinon il pourrait devenir le François Bayrou de l'UMP.

 

L'UDI qui vient tout juste d'être créée porte beaucoup d'espoirs au Centre, doit encore se renforcer et faire ses preuves aux prochaines échéances électorales. L'UDI devra aussi imposer à l'UMP des dead-lines sur sa politique de droitisation. L'UMP quant à elle reste encore l'organisation politique incontournable de la droite républicaine et dans un grande majorité de situations, des alliances seront nécessaires entre ces deux organisations pour renverser les majorités de gauche.


Une UDI de plus en plus forte et une UMP qui aura retrouvé sa stabilité politique, voici mes voeux politiques pour 2013.

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